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Le futur du web : Sous le contrôle de Facebook, Amazon et Google, le Trinet.

Mort d'internet et GAFA Marseille Paris
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Nul besoin de boule de cristal pour savoir de quoi le web de demain sera fait. Il suffit juste de regarder celui d’aujourd’hui et d’en tirer les conclusions logiques. Justement que nous dit-il ?

Un web sous la coupe d’Amazon, Facebook et Google

Que Google et Facebook influencent plus de 70 % du trafic internet. La raison est la croissance du web mobile utilisé principalement pour accéder aux services de ces deux entités du GAFA.

Cette domination transparaît aussi à travers les sites de média. En effet, si la presse est le seul endroit sur le web qui recueille de la popularité sans appartenir aux deux géants du numérique, elle recueille l’essentiel de son trafic grâce à eux. 45 % revient à Facebook, dépassant les résultats obtenus grâce au référencement naturel utilisé pour apparaître en tête des résultats de… Google ! Rappelons que cela implique, pour ce faire, d’utiliser des services comme Google Adword. Malgré les efforts de la presse pour lutter contre la mainmise du binôme, elle ne peut aujourd’hui plus se passer d’outil comme Facebook Instant Articles pour son trafic.

Cette domination n’est pas prête de s’arrêter en raison des investissements massifs pour détenir le monopole sur le marché des réseaux sociaux (avec les achats successifs de Whatsapp et Instagram par Facebook) et celui de la recherche sur le web (avec l’achat de DeepMind par Google afin d’être en pointe sur le secteur de l’intelligence artificielle). Dès lors, Google n’est plus qu’une entreprise banale du web : c’est l’entreprise du savoir sur le web. De même, Facebook est devenue l’entreprise du web social.

Le même constat peut être établi au sujet d’Amazon. Un chiffre suffit à démontrer sa position hégémonique dans le commerce en ligne : sa part sur ce marché aux États-Unis est de 43,5 %.

Le web est mort ce soir

Pour André Staltz, cette domination signifie rien de moins que la mort du web. Pourquoi ? Car la vision originelle de son créateur, Tim Berners-Lee, a fait long feu. Le web n’est plus cet espace ouvert et décentralisé, de pair à pair et multilatéral. Jjusqu’à récemment, il pouvait se résumer en un mot : diversité. Diversité des communautés, des modèles d’affaires, des sites, des hébergeurs...

Aujourd’hui, il est la propriété de Google, Facebook et Amazon. L’évolution de la première en est une illustration. Né du web, elle a contribué à développer le projet de Lee. Mais plus elle pris de l’ampleur, plus elle s’en est détournée, en favorisant, par exemple, les logiciels propriétaires sur les logiciels libres. Dorénavant, sa mission est de nous fournir une information personnalisée en temps et en heure grâce à l’intelligence artificielle.

Trinet : un directoire du web à trois

Ce constat amène à penser que le futur du web rime avec Facebook, Amazon et Google. Ce futur, André Staltz lui a donné un nom : Trinet. Il y a fort à part parier que leur domination sans partage risque de décourager toute initiative alternative viable. Il sera plus raisonnable de migrer son site vers une page Facebook. Le moindre site e-commerce à succès sera racheté par Amazon. Google sera l’intermédiaire indispensable pour accéder aux sites web.

Le moteur de recherche aura vécu. Le moteur de solution sera la norme comme l’atteste le déploiement de la stratégie de suggestion via Google Now, Google Assistant, les notifications Android et Google Homme. Ce sera l’avènement du web personnalisé et ubiquitaire voulu par Eric Schmidt, cofondateur de Google.

Par ailleurs, à quoi bon passer par un navigateur lorsqu’on peut directement accéder au service via une application ? Si les achats en ligne sur mobile croissent, ils seront de plus en plus commandés par la voix grâce aux assistants virtuels.

L’activation de ces derniers avec des enceintes connectés est le cheval de Trois de ce que Staltz qualifie d’ « Appleification » des services. Il s’agit de s’assurer la loyauté à une marque grâce à des produits haut de gamme. Cela conduit le Trinet à être des sociétés dotées de leur propre hardware afin de mieux contrôler l’accès à leur service tout en opérant à la fois « le marketing du design » et le « design du marketing ». Nul doute que cette stratégie conduira à des frictions comme c’est déjà le cas avec des produits d’une marque empêchant l’accès aux services d’une autre.

Sur le plan des réseaux sociaux, l’expérience la plus efficiente se fera avec la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Il ne s’agira plus d’interagir via des statuts et des réactions mais d’entrer directement, pour ne pas dire « physiquement », en contact avec ses « amis » dans des environnements virtuels qui tendront à l’être de moins en moins au fur et à mesure que la technologie arrivera à maturité. Pas besoin de se rendre physiquement au travail lorsque, grâce à son casque ou ses lunettes, on pourra se « téléporter » directement dans un espace virtuel plus « cozy » que les open spaces actuels. Ce n’est pas pour rien que le firme de Mark Zuckerberg investit en masse dans ce secteur avec l’arrivée prochaine sur le marché d’un casque low cost pour tous : l’Oculus Go.

Le dénominateur commun à toutes ces tendances est l’obsolescence du navigateur au profit de « contextes virtuels où les données sont créées et partagées ». Non que le navigateur aura disparu de la surface des écrans. Il sera considéré comme un outil moins attractif et efficace pour profiter du web tel qu’il se profile.

Faut-il s’inquiéter de cet avenir ? La perspective d’un accès ubiquitaire et « vivant » à l’information, aux personnes et aux marchandises n’est-elle pas excitante ? Non, selon André Staltz. Elle signale la mort définitive de l’anonymat et de son corollaire : la liberté.

Certes, nous continuerons d’échanger.

Mais uniquement sous le tutelle du Trinet.

Article rédigé par Thierry Randretsa

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