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Qwant : le moteur de recherche français qui veut faire de l’ombre à Google

Qwant : moteur de recherche français gratuit Marseille
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La vidéo a des allures de trailer de film d’horreur. Un cycliste se baladant dans une forêt isolée s’arrête. Un garde forestier s’approche lentement mais sûrement et lui adresse la parole. Surpris, le premier semble content d’apprendre que le second le connaisse. Mais au fur et à mesure que celui égrène des informations relatives à sa vie privée, il prend peur. Et la fuite.

 

 

Le moteur de recherche n’a pas des yeux

 

Le spot publicitaire recèle indéniablement des talents de mise en scène. Et pour cause : il a été réalisé par Alexandre Aja, réalisateur français de Haute Tension, du remake de la Colline a des yeux (de Wes Craven) ou encore de Piranha 3-D. En effet, quoi de mieux qu’un réalisateur passé par Hollywood pour créer un clip s’attaquant à… Google ? Car le géant américain est omniprésent tout au long de ces 34 secondes sans qu’il soit nécessaire de le mentionner. Il suffit juste d’évoquer le thème de la protection de la vie privée. « Pourquoi accepter d’un moteur de recherche, ce que vous n’accepterez pas dans la vie ? », ponctue la vidéo de manière imparable. Inutile de préciser que la réponse est dans la question.

Fondé en 2011 par Eric Leandri, Patrick Constant et Jean-Manuel Rozan, Qwant est lancé en 2013. Son nom est la synthèse de « Q », pour la quantité d’information analysée par le robot d’indexation et de « wanted » pour la recherche. Son principal atout est le respect de la vie privée des internautes érigé en étendard (ou plus prosaïquement, en haut à gauche de la page de garde). En effet, il ne collecte pas leurs données sauf exceptions. Dans ces cas, elles ne font l’objet d’aucune divulgation et/ou revente à des tiers (sauf celles relatives aux candidatures qui sont susceptibles d’être partagées à des fins de recrutement à leurs partenaires). Il n’installe pas de cookies dans leur navigateur pour les identifier. Il n’utilise aucun dispositif de traçage. Il ne conserve aucun historique de recherche.

Le moteur de recherche made in France se présente comme un bouclier contre la publicité devenue intrusive au point de remettre en cause la nature même des moteurs de recherche. Les premiers résultats ne sont pas forcément les plus pertinents mais ceux pour lesquels les annonceurs ont investis de grosses sommes. Comment se finance Qwant alors ? Par de la publicité contextuelle proposée en fonction des mots-clés tapés sur le moment ; la rémunération survient lorsque l’internaute clique sur l’annonce.

 



Un moteur multifonctions

 

Mais Qwant n’a pas que des arguments éthiques dans sa besace. D’ailleurs, lorsqu’on le lance, c’est d’abord son interface qui saute aux yeux. Une fois la requête opérée, les résultats sont répartis en trois colonnes : web, actualités et social. Ils se veulent plus exhaustifs que ceux proposés par Google tout en étant aussi immédiats. La recherche universelle n’est pas un vain mot chez Qwant qui affiche sur la même page dans un bandeau les images, les vidéos et les produits affiliés à la requête. Il est possible d’accéder à l’ensemble des résultats par catégorie en cliquant sur les onglets situés dans la barre de menu à gauche.

Ces derniers se sont étoffés dernièrement puisqu’ils accueillent une catégorie consacrée à la musique. Lorsque vous rentrez directement le nom d’un artiste, vous accédez à sa fiche Wikipedia, sa discographie et aux artistes similaires en plus des autres types de résultats. À l’avenir des fonctionnalités spécifiques devraient être ajoutées comme la possibilité de rechercher un morceau en fonction de ses caractéristiques comme sa date, les instruments utilisés ou sa tonalité.

Par ailleurs, Qwant est doté d’options pratiques destinées à faciliter la vie de l’internaute. Par exemple, il peut enregistrer ses recherches dans un carnet. Celui-ci peut être partagé avec d’autres personnes.

 

 

C’est Qwant le bonheur ?

 

Malgré ces qualités, le succès reste modeste. Certes, Qwant se targue d’un développement explosif avec 21 millions de visiteurs en mai 2016 contre huit millions six mois auparavant. Il revendique trente deux millions d’utilisateurs dans toute l’Europe situés principalement en France. En tout, 4 % des internautes français l’utilisent. Selon l’Ifop, Qwant est en cinquième position sur ce marché. 2,6 milliards de requêtes sont traitées chaque année. Mais on est loin des 90 % d’utilisateurs et des 3,3 milliards de requêtes par jour de Google.

Pour l’instant, Qwant reste cantonné dans la niche des alternatives au géant américain. Peut-il un jour dépasser ce stade ? Difficile à dire tant la compétition est rude. L’argument de la défense de la vie privée n’est pas l’apanage de Qwant. Il est aussi celui de DuckDuckGo (« le moteur de recherche qui ne vous espionne pas »), Lilo (« un moteur performant qui vous protège ») ou encore Startpage (« le moteur de recherche le plus confidentiel au monde »). Pas sûr donc qu’il soit suffisant pour convaincre le public d’autant plus que Qwant est « dépassé » sur le plan éthique par des initiatives écologiques comme Ecosia ou sociales comme Lilo.

Mais Eric Landrei a de l’ambition. Il ne veut pas que Qwant soit réduit à une simple alternative : il veut convertir 5 à 10 % des fidèles de Google. Il se donne une à deux années pour cela. Voilà pour les objectifs. Pour les moyens : proposer des services de qualité susceptibles de s’adresser à tout le monde avec le soutien des pouvoirs publics comme celui de la Caisse des Dépôts et Consignation qui a versé 15 millions d’euros au capital de l’entreprise en début d’année. Ainsi, une version Junior est disponible pour permettre aux enfants de faire des recherches sans risque d’être exposé à du contenu pornographique ou violent. À ce titre, il a été validé par le Ministère de l’éducation nationale qui encourage son emploi dans les écoles et les collèges. L’acquisition récente de Gayatech, spécialisé dans les quiz intelligents, va dans le sens du développement de contenus ludiques et pédagogiques à destination des plus jeunes. À terme, le but est de faire de Qwant Junior une plateforme centrale dans la pratique que les enfants ont du web. En outre, les équivalents de Google Earth, de Google Map et de Google Drive sont à venir ainsi qu’un service de messagerie sur lequel des recherches seraient possibles.

Prometteur.

 

 



Article rédigé par Thierry Randretsa

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