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« The Push » : quand Netflix mêle crime et téléréalité

« The Push » : quand Netflix mêle crime et téléréalité
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Longtemps décrié en France pour son voyeurisme, sa vulgarité, sa superficialité ou son côté malsain, la téléréalité s’est fondue dans le paysage audiovisuel. Qu’il s’agisse de montrer des candidats placés dans des conditions de survie, de relater le quotidien de personnalités du showbusiness américain ou de mettre à nu au propre comme au figuré le quotidien d’anonymes soigneusement sélectionnés, ceux que d’aucun qualifient de « télépoubelle » continue son bonhomme de chemin sur les chaînes de la TNT et ailleurs. Ringardisé par Youtube, le genre semble s’être essoufflé contrastant avec l’âge d’or où les émissions donnaient dans la surenchère en proposant des concepts toujours plus « extrêmes » dans la course à l’audimat.

« How I Could Just Kill a Man » ?


Toutefois, la téléralité pourrait revenir sur le devant de la scène avec un acteur de premier plan : Netflix. Séries, films, documentaires, standups… Le service de vidéo à la demande comptant plus de cent millions d’abonnés est partout : pourquoi n’investirait-il pas le champ de la téléréalité ? Il ne manquait plus qu’un concept bien trash pour que la sauce prenne. C’est désormais chose faite avec “The Push”.

En effet, cette émission propose de briser le dernier tabou qu’aucune autre n’avait osé franchir jusque-là, pas même ce « Hunger Games » russe qui promettait des scènes de viol et de meurtre et qui s’est avéré être un canular. Rassurez-vous : personne n’est mort sur le tournage de « The Push ». Nous ne sommes pas dans le « Prix du danger » ou dans « The Running Man ». Le concept n’en reste pas moins troublant, pour dire le moins. Il s’agit de montrer comment un homme peut être amené à tuer sous la pression sociale.


L’expérience de Milgram


Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Dans les années 60, le psychologue américain Stanley Milgram s’est rendu célèbre pour une expérience qui porte son nom. Le dispositif était le suivant : un élève devait mémoriser des listes de mots. En cas d’erreur, un enseignant le punissait en lui envoyant des décharges électriques. Le tout était placé sous l’autorité d’un expérimentateur.

Évidemment, les décharges électriques étaient simulées, de même que l’élève et l’expérimentateur étaient des acteurs. Mais le véritable sujet de l’expérience, l’enseignant, ne le savait pas, l’élève étant placé dans une salle à part. Seuls lui parvenaient les cris de douleurs et les supplications de ce dernier qui se faisaient de plus en plus pressantes à mesure que les (fausses) décharges augmentaient en intensité.

Malgré le constat de la souffrance infligée, le sujet continuait l’expérience dans la plupart des cas. Pourquoi ? Par obéissance à l’autorité. Ici réside la principale leçon de l’expérience de Milgram : peu importe l’immoralité ou l’inhumanité d’un ordre, les sujets préfèrent en majorité l’exécuter par conformisme au lieu de défier l’autorité. À l’époque, les travaux de Milgram entraient en écho avec les réflexions de la philosophe Hannah Arendt qui suivait le procès du criminel de guerre nazi Adolf Eichmann. Responsable de la logistique dans l’extermination des Juifs, il s’est pourtant défendu en se défaussant sur l’autorité hiérarchique. Il déclarait n’être qu’un rouage dans la machine, se contentant de suivre les ordres. Soit l’illustration de la « banalité du mal » selon la fameuse formule d’Arendt.

Making a murderer


Près de cinquante ans plus tard, l’expérience de Milgram est reproduite dans un documentaire français appelé « Le jeu de la mort » et diffusé sur une chaîne du service public. En 2018, « The Push » semble pousser le bouchon plus loin. En effet, ce ne sont pas moins de 70 acteurs qui ont été recrutés pour pousser le participant à bout. Selon son concepteur Derren Brown, illusionniste, mentaliste et hypnotiseur britannique, il s’agit de « l’enfermer dans un réseau de mensonges » afin que le meurtre lui paraisse comme la seule issue possible ». Le dispositif est autrement plus dense que la présence d’une autorité représentée par une seule personne. Nous sommes plus proches de ce que proposent les films « Truman Show » et « The Game » avec la création d’un univers crédible mis en scène au travers d’un « scénario méticuleusement planifié et répété ». Cependant, si tout se finit bien pour le personnage joué par Michael Douglas dans le film de David Fincher, on peut s’interroger sur l’étendue des dommages psychologiques subis par le candidat de « The Push ».

Rendez-vous le 27 février prochain pour celles et ceux qui veulent en savoir plus. « The Push » est le premier d’une série de trois shows conçus par Derren Brown.


Article rédigé par Thierry Randretsa

For a long time slandered in France for the voyeurismvulgarity, superficiality or unhealthy side, the reality TV show has been merged in the broadcasting scene. That is a question of showing candidates placed in conditions of survival, telling personalities' daily life of the American showbusiness or exposing literally as in the figurative the daily life of unknown persons carefully selected, none of whom qualify as "télépoubelle" continue his own sweet way on the DTT channels and somewhere else. Gone out of fashion by YouTube, the genre seems to be breathless contrasting with the golden age where the broadcasts gave in the higher bid by offering concepts always more "extreme" in the ratings race.

" How I Could Just Kill a Man"?

However, the reality TV show could return in the center stage with a key figure: Netflix. Series, movies, documentaries, standups … The video on demand service having more than hundred million subscribers is everywhere: why would not it invest in the reality TV field? A good trash concept was not more missing so that the sauce sets. It is now chosen with "The Push".

In fact, this broadcast suggests breaking the latest taboo which no other one had dared to exceed up there, not even this Russian "Hunger Games" which promised scenes of rape and murder and which has proved to be a hoax. Be reassured: nobody died on the shooting of "The Push". We are not in the " Prize of the danger" or in "The Running Man". The concept remains not less disturbing, to say the least. It is a question of showing how a man can be brought to kill under the social pressure.

Milgram experiment

Doesn’t it remind you of anything? In the 60s, the American psychologist Stanley Milgram become famous for an experiment bearing his name. The plan was as follows: a pupil had to store lists of words. In the case of error, a teacher punished him by sending electric shocks. The whole was placed under the authority of an experimenter.

Obviously, the electric shocks were feigned, as well as the pupil and the experimenter were actors. But the real subject of the experiment, the teacher, did not know, the pupil being placed in a separate room. Only him who can manage cries of pain and pleas of the latter is more and more pressing as the (false) discharges increased in intensity.

In spite of the report of the imposed suffering, the subject continued the experiment in most of the cases. Why? By obedience in the authority. Here is the main lesson of Milgram’s experiment: no matter the immorality or the inhumanity of an order, the subjects mostly prefer to execute him by conformity instead of challenging the authority. At that time, Milgram’s works come to an echo with the reflections of philosopher Hannah Arendt who followed the trial of the Nazi war criminal Adolf Eichmann. Responsible for the logistics in the extermination of the Jews; nevertheless, he defended himself by discarding on the hierarchical authority. He declared to be only a cog in the machine, satisfied with following the orders. Let be the illustration of the "banality of the evil " according to the famous formula of Arendt.

Making a murderer

About fifty years later, Milgram’s experiment is reproduced in a French called documentary "The game of death" and broadcasted on a public service channel. In 2018, "The Push" seems to push the cork farther. In fact, there are not less than 70 actors who were recruited to push the participant to the limit. According to the designer Derren Brown, illusionist, mentaliste and British hypnotist, it is a question of "locking it into a network of lies" so that the murder appears as the only possible outcome". The device is far denser than the presence of an authority represented by a single person. We are closer to what propose movies "Truman Show" and "The Game" with the creation of a credible universe staged through a "scenario accurately strategic and repeated". However, if everything finishes well for the character played by Michael Douglas in David Fincher's movie, we can wonder about the extent of the psychological damage undergone by the candidate of "The Push".

Let make a meeting on February 27th of this year for those who want to know more about it. "The Push" is the first one of a series of three shows designed by Derren Brown.

Article written by Thierry Randretsa

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