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Les conséquences mitigées de l'automatisation sur l'emploi : une nouvelle étude de l'OCDE

L'automatisation entre en scène
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L’intelligence artificielle ne provoquera peut-être pas l’apocalypse prédite par certains. En 2013, des chercheurs de l’Université d’Oxford publiaient une étude choc selon laquelle 47 % des emplois aux États-Unis seraient exposés à un risque élevé d’automatisation. Une perspective bien sombre qui a depuis été contestée par d’autres rapports comme celui du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) en France ou celui du cabinet de conseil McKinsey & Company. Dans le premier, la part des emplois menacés par l’automatisation et la numérisation est évaluée à moins de 10 % (chiffre valable pour la France). Dans le second, elle est de moins de 5 % (chiffre valable pour 46 pays).

14 % d’emplois fortement automatisables

Une nouvelle étude de l’OCDE intitulée « Automatisation, utilisation des compétences et formation » et produite par la chercheuse Ljubica Nedelkoska et l’économiste Glenda Quintini, s’inscrit dans ces prévisions nuancées. Si un emploi sur deux risque d’être « sensiblement affecté » par l’automatisation dans les 32 pays concernés par l’étude, tous ne sont pas logés à la même enseigne. En effet, 14 % des emplois sont « fortement automatisables » c’est-à-dire que la probabilité d’automatisation est supérieure à 70 %. Si nous sommes loin des 47 % de l’étude de 2013, il faut bien voir que cela concerne au total 66 millions de travailleurs. En outre, 32 % des emplois pourraient, non pas disparaître, mais se transformer sous l’effet de l’automatisation, nécessitant alors l’apprentissage de nouvelles compétences.

Une répartition géographique hétérogène

Au niveau de la répartition géographique, il s’avère que les pays d’Europe de l’est et du sud, l’Allemagne, le Chili et le Japon sont plus sensibles à l’automatisation que les pays anglo-saxons, les pays nordiques et les Pays-Bas. 33 % des emplois sont fortement automatisables en Slovaquie ; le taux n’est que de 6 % en Norvège. Un écart qui s’explique par une organisation différente des tâches au sein des secteurs économiques. À ce titre, l’étude reprend les fameux « goulets d’étranglement » dégagés par celle de 2013. Ces derniers désignent les tâches qui, par leurs caractéristiques, sont difficilement automatisables. Ce sont celles qui font appel à l’intelligence sociale, à l’intelligence cognitive, à la perception et à la manipulation. Ainsi, les pays dans lesquels ce type de tâche est répandu résistent mieux aux effets délétères de l’automatisation.

Toutefois, sur ce point comme sur d’autres, il convient de rester prudent car l’étude se base sur les possibilités technologiques : elle ne prend pas en compte la vitesse de diffusion de ces technologies et la possibilité qu’elles soient adoptées. Or, les progrès peuvent être très rapides et il n’est pas sûr qu’un « goulet d’étranglement » aujourd’hui le soit encore demain.

Les études comme frein à l’automatisation

Autre élément de résistance à l’automatisation : le niveau d’études. Le travail de Nedelkoska et de Quintini s’inscrit en faux contre ceux qui postulent que l’automatisation des tâches risque d’affecter les professions très qualifiées. Bien au contraire, ce sont celles et ceux qui ont un niveau d’études très faible qui sont les plus exposés, notamment dans les secteurs manufacturier et agricole. Tout ce qui relève du courrier, des services de restauration et du transport terrestre n’est pas épargné. Dans ce dernier cas, il suffit de penser à la généralisation prochaine des voitures autonomes.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce sont les plus jeunes qui sont les plus exposés aux risques de l’automatisation avec pour conséquence de se « traduire par [plus de] chômage parmi les jeunes que par des départs en préretraite ». Cependant, la conclusion doit être nuancée au regard de leur forte mobilité d’un emploi à un autre et de leur niveau de diplôme (par rapport aux plus âgés).

La formation et la protection sociale en remparts

Fort de ce constat, l’étude de l’OCDE dresse quelques pistes pour adapter la population active à la nouvelle réalité du marché du travail. L’accent est mis sur la formation des adultes présentée comme « un instrument primordial pour permettre à ceux dont les emplois sont touchés par le progrès technologique de se reconvertir ou d’améliorer leurs qualifications ». Or, les efforts faits en la matière sont nettement insuffisants. Paradoxalement, les travailleurs dont les emplois sont menacés par l’automatisation, qu’ils soient en poste ou non, ont moins de chance de participer à une formation que leurs homologues qui ne présentent pas le même risque. Dans ce domaine, l’Allemagne fait figure de modèle avec des formations facilitant l’accès à des emplois moins sensibles aux risques d’automatisation. Si, pour le moment, la transition est progressive, elle pourrait être plus radicale à l’avenir avec l’écart de qualification entre les emplois en déclin et ceux en croissance.

Pour finir, les États ne doivent pas non plus faire l’économie d’une politique sociale à l’égard des laissés-pour-compte de l’automatisation afin de faciliter leur reconversion.

Article de Thierry Randretsa

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