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Révélations troublantes : Hally, l'Oracle du Net, dévoile les mécanismes cachés du web

Hally l'Oracle du Net Marseille
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« Des données, des données… Ah voilà quelqu'un. 10 heures, c'est l'heure de ta pause café ? Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien à ton patron ».

La conversation qui débute s’avère quelque peu embarrassante. Tant pis, je continue. Mon interlocutrice se présente. Son nom : Hally. Est-ce une cousine éloignée de Hal ? En tout cas, son œil multicolore est plus chaleureux que le rouge et noir inquiétant de son prédécesseur. Sa profession : Oracle du Net. Rien que ça. À mon tour, je me présente.

Taquine, elle me fait remarquer que, mes cookies étant activés, d’autres oracles doivent bien s’amuser. Malgré ces propos désobligeants, je télécharge le plug-in sur mon navigateur. Pour l’instant, il ne fonctionne que sur Chrome. Les versions Firefox et Opera sont en cours de développement, ce qui n’empêchera pas Hally de commenter le choix de ces browsers (on vous laisse le plaisir de la découverte).

 Sonner l’halalli du design non éthique ?

Il faut dire qu’Hally est prometteuse. Selon ses concepteurs, la designeuse Victoria Duchatelle en collaboration avec le Laboratoire d’Innovation Numérique de la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL), sa fonction est de « révéler la nature et le fonctionnement des mécanismes des sites que nous parcourons quotidiennement sur le web ». En effet, l’objectif de Duchatelle est de faire prendre conscience aux internautes du rôle des designers « dans le formatage du comportement des individus et de leurs idées ». Ces derniers disposent d’un pouvoir formidable : celui de guider les usages et les comportements de l’humain.

Or, si les interfaces sont de plus en plus simples à utiliser, elles échappent de plus en plus à notre contrôle en raison de leur complexité. Par conséquent, il y a un risque d’érosion de nos libertés puisque « moins nous serons impliqués et conscients de la façon dont nos technologies sont faites, plus nos choix deviendront étroits ». Pour contrer cela, Hally « contera à son visiteur sa prophétie en ligne, interprétant ses comportements sur la page, analysant ses données passées, prédisant son avenir identitaire ».

 

L’inspecteur Hally

Premier essai : destination Twitter. Lorsqu’on clique sur le plug-in, une fenêtre s’ouvre en bas à droite et promet de « révéler les algorithmes qui se cachent derrière [les] posts ». Pour ce faire, on dispose d’un curseur semblable à l’option peinture dans un logiciel de retouche graphique. En fait, on « gratte », ce qui est plus logique puisqu’on est censé découvrir ce qui se cache derrière le vernis de l’interface. En l’occurrence, l’Oracle nous apprend qu’on ne voit que les tweets que l’algorithme a sélectionné pour nous sur la base des comptes et des messages avec lesquels on interagit.

Autre remarque : la zone coloriée est bleue. Hally classe les algorithmes par couleur selon leur fonctionnement et leur effet. En l’espèce, il s’agit d’un « médium » qui « analyse les comportements passés pour prédire les comportements futurs ». Par exemple, la publicité comportementale fonctionne de cette façon en nous proposant des liens censés coller à nos centres d’intérêt. Ce type d’ « algo » a pour effet d’uniformiser et de modeler nos actions car nous recourons de plus en plus aux services mis en avant sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux.

 Nous voilà prévenus

Direction Facebook maintenant. Cette fois, Hally propose de « gratter » la zone de droite où s’affiche les invitations, les pages suggérées, la publicité… Le but est d’informer le socionaute sur l’utilisation des données par Facebook. Ce dernier cherche à construire un profil que les annonceurs peuvent cibler.

Sur Google, Hally nous sert un véritable cours sur le… référencement naturel (SEO) ! Elle nous apprend comment sont hiérarchisées les résultats des requêtes tapées dans le moteur de recherche. Dans ce domaine, les algorithmes sont de couleur verte et qualifiés de « démago ». Ils hiérarchisent et classent les informations selon les interactions avec les utilisateurs avec pour effet de faire primer le quantitatif sur le qualitatif, source d’uniformisation culturelle. Les résultats « à la une » relèvent aussi de cette catégorie.

En rose, le « knowledge graph » et les résultats proprement dit sont qualifiés de « boss ». Là encore, il s’agit de hiérarchiser et de classer mais cette fois en fonction des liens. Ici aussi, l’effet est l’uniformisation des comportements par celui du contenu. Hally se permet tout de même une nuance en précisant que si « d’autres sites web éminents sur le web se lient à la page, c’est un bon signe, l’information est de qualité » (reste plus qu’à définir le « site web éminent » !).

 


À lire

Si l’on a bien exploré les coins et recoins de l’interface, on a le droit de passer au niveau 2 qui « révèle les grandes tendances qui se cachent derrière [sa] conception ». Tel Néo, vous partez à la découverte de la matrice ! Gouvernance algorithmique, économie de l’attention, critique du moi quantifié (quantified-self), méfiance vis-à-vis des contenus populaires…

Hally se révèle être un plaidoyer pour la protection de la vie privée et des libertés individuelles. En plus de son contenu instructif, elle se veut pratique en renvoyant vers des liens qui sont autant de conseils pour desserrer l’étau algorithmique : réglage de ses paramètres de confidentialité, téléchargement d’extension bloquant le pistage, emploi de moteurs de recherche alternatifs…

Si cela ne suffit pas et que vous avez les compétences idoines, vous pouvez enrichir le projet accessible à tous en Open Source sur la plateforme collaborative GitHub.

 

Article rédigé par Thierry Randretsa

 

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