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Les déboires du système d'alerte et d'information des populations (SAIP) : Un échec constaté

C'est la fin des alertes du SAIP
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Le système d’alerte et d’information des populations (SAIP) n’a finalement pas convaincu les pouvoirs publics. Lancé il y a deux ans à la veille de la Coupe d’Europe de football, il avait pour objet d’avertir les populations « en cas de crise majeure, [d’] événement majeur ou d’un caractère particulièrement exceptionnel » selon son descriptif. Lors d’un attentat terroriste ou d’une catastrophe naturelle, l’utilisateur était censé recevoir une alerte le prévenant de sa localisation dans une zone à risque. En temps normal, l’application diffusait des informations d’ordre comportemental.

Constat de l’échec

Dans les faits, le SAIP a été émaillé de nombreux couacs. Ainsi, il s’est déclenché avec plus de deux heures de retard lors de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016. Il lui est même arrivé de ne pas s’activer comme lors des attaques survenues dans l’Aude en mars dernier, en contradiction avec les messages d’alerte publiés par la préfecture sur Twitter. À l’inverse, l’application a pu relayer de fausses informations à l’instar du canular de deux mineurs en septembre 2016.

Des défaillances ont été pointées du doigt dans un rapport au vitriol du sénateur Jean-Pierre Vogel qui donnent également des explications à ce fiasco. En effet, la société n’a bénéficié que de deux mois pour concevoir l’application. De plus, elle est apparue dans un contexte de concurrence féroce des réseaux sociaux dont certains disposent déjà de leur propre dispositif d’alerte à l’image du contrôle de l’absence de danger de Facebook (ou « Safety Check »). Résultat : le SAIP n’a été téléchargé que 900 000 fois, insuffisant pour atteindre « la masse critique permettant d’alerter toute la population présente sur un site concerné par une alerte ».

De son côté, la société Deveryware rejette tout procès en incompétence. Seul le cas de l’attentat de Nice a été entaché d’un dysfonctionnement technique provoquant le retard des notifications. Pour l’entreprise, la faute incombe à l’État. Rappelons que c’était aux préfectures de choisir le relais de communication et donc de passer, ou pas, par le SAIP.

Le choix des GAFA et des médias traditionnels

Dorénavant, les autorités passeront par les réseaux sociaux pour diffuser des alertes en cas d’événement majeur. Un compte Twitter a même été prévu à cet effet : @Beauvau_Alerte. Il sera actif à partir du 1er juin. De son côté, Google mettra en avant les contenus pertinents tandis que le ministère de l’intérieur publiera des informations en lien avec l’activation du « Safety Check » sur sa page Facebook.

Si le pragmatisme semble avoir guidé le choix du gouvernement, il ne fait pas l’unanimité. Tout d’abord, il va à l’encontre des prescriptions du rapport sénatorial qui privilégiait la diffusion d’alerte par SMS (« SMS Cell Broadcast »), susceptible de fonctionner « en toute circonstance, (…) indépendamment de la charge supportée par les opérateurs ». De plus, opter pour les GAFA pose la question du respect de la vie privée à l’heure du Règlement Général de Protection des Données (RGPD). À ce titre, le SAIP avait des arguments en sa faveur car il ne faisait pas remonter des informations vers un serveur central. Les positions géographiques des utilisateurs n’étaient pas enregistrées.

Pour celles et ceux qui ne sont pas inscrits sur les réseaux sociaux, des partenariats ont été conclus avec France Télévision, Radio France, la RATP et Vinci Autoroute qui ont accepté de servir de relais.

Article de Thierry Randretsa

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