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Illectronisme : les exclus du numérique face à la fracture générationnelle et numérique

Les seniors encore plus touchés par l'illectronisme
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Alors que la « transformation digitale » bat son plein et que le numérique ne cesse de modeler notre quotidien, ce dernier laisse également nombre de personnes au bord de la route.

Ainsi, 23 % des Français déclarent ne pas se sentir à l’aise avec le numérique. Rapporté à l’ensemble de la population, ils rassemblent 11 millions de personnes. Le chiffre est encore plus éloquent chez les plus âgés : plus de la moitié des plus de 70 ans (58%) connaissent des difficultés à naviguer sur le web. C’est un des principaux enseignements de l’enquête de l’institut du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) consacrée à l’illectronisme que l’on peut définir comme étant l’équivalent numérique de l’illettrisme.

Fracture générationnelle

On retrouve ce décalage à plusieurs niveaux. Lorsque 89 % des personnes interrogées disent posséder un équipement pour aller sur Internet, elles ne sont que 67 % dans ce cas pour les seniors. Quand 13 % des Français ne possèdent pas de connexion Internet à domicile, ce chiffre monte à 37 % pour les plus âgés.

Cela n’est pas sans incidence sur les pratiques numériques avec, d’un côté, une majorité de Français (59%) utilisant Internet quotidiennement alors qu’ils ne sont que 28 % chez les plus de 70 ans. Pire : 41 % d’entre eux déclarent ne jamais utiliser Internet au quotidien. Le contraste est saisissant avec le reste de la population (12 %).

Comment expliquer un tel phénomène ? Toutes générations confondues, les principales explications avancées sont le manque d’intérêt et l’absence d’utilité. Pourtant, Internet pourrait leur permettre de communiquer avec leurs proches ou d’autres personnes. Quand le grand public affirment à 55 % contacter plusieurs fois par semaine ses proches, ils ne sont que 33 % chez les plus de 70 ans. Pour 44 % des Français, Internet est un lieu de sociabilité contrairement à 65 % des seniors.

Fracture numérique

Cet illectronisme est donc susceptible de contribuer à l’isolement social. Mais il n’affecte pas que la « sociabilité ». Il conduit à renoncer à de nombreux services et démarches administratives de plus en plus accessibles exclusivement via le web. Pour le coup, toutes les générations parlent d’une même voix : elles sont à peu près un tiers à déclarer s’être privées de quelque chose parce qu’il fallait se rendre sur Internet. Ces personnes ont un nom : on les appelle les « abandonnistes ». Ainsi, 19 % des Français ont « renoncé à faire quelque chose parce qu’il fallait utiliser Internet et qu’ils ne le pouvaient pas » au cours des 12 derniers mois.

Dans la plupart des cas, il s’agit d’un achat (47%) ou d’une démarche liée au loisir (55%). Mais dans 4 cas sur 10, cela concerne une démarche administrative. Pour Philippe Marchal, Président du syndicat de la presse sociale à qui l’enquête est destinée, ce phénomène est grave en ce qu’il porte atteinte à l’égalité entre les citoyens.

Pourtant, les « abandonnistes » ne se distinguent pas du reste de la population. Aussi bien équipés et connectés, si ce n’est mieux, leurs usages d’Internet sont très proches de ceux de la moyenne des Français. Sauf que la navigation sur Internet représente une difficulté pour à peu près 20 % d’entre eux (contre 9 % pour le grand public). Pour 28 % des « abandonnistes », l’utilisation des équipements numériques est difficile contre 15 % pour le grand public. Ces chiffres ont tendance à augmenter quand on a affaire à une population âgée.

En conclusion, que faire pour aider ces laissés-pour-compte du numérique qui se sentent isolés et limités dans leurs activités ? Philippe Marchal résume la solution en trois mots : « accompagnement (...) sensibilisation et (...) prise de conscience ». Un certain nombre d’ « abandonnistes » sont d’ailleurs enclins à se perfectionner. Toutefois, 41 % d’entre eux déclarent ne pas avoir envie de progresser car cela leur est égal. Un effort de pédagogie est peut-être nécessaire pour changer les mentalités alors que tous les services publics devraient être dématérialisés d’ici 2022 selon le gouvernement.

Article de Thierry Randretsa

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