L’abonnement payant aux groupes Facebook en phase de test

Selon Alex Deve, directeur de produit « Groupes » pour Facebook, il s’agit d’une revendication de longue date des administrateurs. Pendant longtemps, Facebook leur interdisait de monétiser leur audience, notamment par le biais de la publicité. Ils n’avaient alors pas d’autres choix que de créer un groupe additionnel réservé aux abonnés et de recourir aux outils traditionnels de suivi et de collecte de paiement.

Administrateur de groupe, un métier à plein temps

Une méthode peu pratique qui venait alourdir un emploi du temps déjà bien chargé pour certains administrateurs. Comme l’admet Alex Deve, ces personnes « investissent du temps et de l’énergie pour maintenir leurs groupes ». Prenons le cas des groupes Wanted qui réunissent plus de 800 000 membres à travers le monde, soit une des communautés francophones les plus populaires du réseau social. Ce sont des groupes d’entraide où vous pouvez trouver aussi bien des petites annonces, des bons plans que des demandes de conseil ou des offres d’emploi. Les trois fondateurs se sont entourés d’environ 80 modérateurs pour gérer l’ensemble des groupes. La plupart ne comptent pas leurs heures alors que ce travail est bénévole.

L’introduction à venir d’un abonnement payant vient donc à point nommé pour aider les administrateurs. La firme de Menlo Park semble prendre conscience de la situation précaire des créateurs de contenus qui se sentent quelque peu abandonnés depuis le changement d’algorithme du fil d’actualité et la baisse consécutive de la portée des pages. Il s’agit également d’une manne pour Facebook puisque plus d’un milliard d’utilisateurs sont dans des groupes dans le monde. En France, on compte une vingtaine de groupes actifs par mois.

Le groupe comme moyen d’augmenter les interactions significatives

Cette opportunité arrive à un moment où Mark Zuckerberg cherche à changer la philosophie de sa plateforme. Marqué par la polémique des fakes news pendant la campagne des dernières élections présidentielles américaines, il a décidé de consacrer l’année 2018 à « réparer » Facebook en se recentrant à nouveau sur les relations interpersonnelles. Pour ce faire, le réseau social  valorise les interactions significatives, celles qui procurent de la satisfaction aux utilisateurs. Or, en réunissant des personnesautour d’un intérêt commun ou en valorisant la solidarité, les groupes sont devenus le lieu par excellence de ces interactions significatives.

C’est ce qui ressort de la phase de test par un petit nombre de groupes aux centres d’intérêt divers. Selon Sarah Muelle, fondatrice du groupe Declutter My Home dont les membres fournissent des conseils pour ranger sa maison, et qui a pu avoir accès à l’outil, l’abonnement payant permet de mettre à disposition des abonnés plus de contenus exclusifs et créatifs. Que ce soit la présentation de petits projets, l’organisation de défis ou encore des sessions de questions/réponses en direct, ce sont autant de moyens d’interagir avec sa communauté. Le groupe originel n’est pas pour autant délaissé et reste une source de motivation et de conseils gratuits.

Pour l’instant, aucune date n’a été annoncée pour le déploiement de l’abonnement payant aux groupes à l’international. Facebook en est toujours au stade de l’analyse des retours des groupes en phase de test.

Article de Thierry Randretsa