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Pardon my french : francisation officielle du vocabulaire des technologies de l’information et de la communication

francisation du vocabulaire des technologies de l’information et de la communication
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« Gontran est un enfant du numérique. Il travaille pour une agence de communication. Il se rend à pied à son bureau. Sur le chemin, il écoute une diffusion pour baladeur sur son terminal de poche issue de son site tout en ligne préféré. Une fois arrivé, il allume son ordinateur et consulte sans plus attendre ses méls. C’est une tâche pénible et chronophage. En effet, il doit les repérer au milieu des nombreux courriels qu’il reçoit dont la plupart sont le fruit de l’arrosage et du filoutage. Puis, il commence à travailler. Il s’occupe en grande partie de l’arrière-guichet du site de la toile d’araignée mondiale de l’agence. Mais il communique aussi sur les réseaux sociaux à coup de mots-dièse. Il participe à des fils de discussion avec des prospects. Il dialogue en ligne avec des clients. Gontran est polyvalent : il fait preuve d’habileté numérique. En plus de cela, il trouve le temps pour écrire des articles sur son blogue personnel qu’il prend la peine d’enregistrer dans l’informatique en nuage au cas où. Quand il a une heure de libre, il se permet même de suivre des cours en ligne à tous afin d’améliorer sa formation. Aujourd’hui, il s’intéresse aux mégadonnées dont on parle beaucoup actuellement. Le soir, quand il rentre à la maison, il se saisit de son manche à balai et se détend sur des jeux vidéo sérieux. Avant de se coucher, il parcourt quelques pages de son dernier livre électronique sur sa liseuse ».

 

 

« Un langage clair et précis » forcément français

 

Si vous êtes allé jusqu’au bout de la lecture de ce récit, vous avez peut-être souri voire été étonné, si ce n’est choqué de l’emploi de certain termes ou expressions. En effet, le texte est expurgé de tout anglicisme. Il a été rédigé dans le respect des recommandations de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Créée en 1989, celle-ci veille « au devoir d’exemplarité » des administrations et des services de l’État et au « souci » de tous les citoyens désireux « d’employer un langage clair et précis ».

Car « ce que l'on conçoit bien, s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrive aisément », s’exclamait un certain Nicolas Boileau. En Français, serait-on tenté d’ajouter à la lecture du Vocabulaire des techniques de l’information et de la communication (TIC) de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Placée sous l’égide du Ministère de la culture et de la communication, elle a pour mission d'animer, à l'échelon interministériel, la politique linguistique de la France, concernant à la fois la langue française et les langues régionales.

Selon le décret du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française (en application d’une certaine loi Toubon de 1994), cela implique l’usage obligatoire du Français dans le Journal officiel de la République française et dans les services et établissements publics de l'État. Or, le champ lexical français est susceptible de faire défaut dans des domaines à forte domination anglo-saxonne comme l’informatique ou la communication. C’est la qu’intervient ladite Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Celle-ci fait partie d’un « dispositif de traitement terminologique et néologique [qui] comprend notamment une Commission d’enrichissement de la langue française placée sous l’autorité du Premier ministre, à laquelle sont associés l’Académie française, l’Académie des Sciences, des experts des domaines scientifiques et techniques, des spécialistes de la langue, mais aussi des membres d’organismes de normalisation et des partenaires francophones ». Le tout incite « à la création, à la diffusion et à l’emploi de termes français nouveaux afin d’adapter notre langue aux évolutions techniques et scientifiques ».

 

 

Une adaptation aux évolutions techniques et scientifiques

 

C’est ce pool, pardon, ce réseau d’experts qui est à l’origine des 850 termes et définitions qui constituent ce Vocabulaire des techniques de l’information et de la communication (TIC). Commencé en 1979, ces travaux n’avaient pas connu de nouvelle publication depuis 2009. C’est désormais chose faite avec cette édition 2017. Avec trois cents nouveaux termes, elle vient combler le gouffre creusé par l’emploi exponentiel d’anglicismes en tous genres : big data, web, mail, spamming, fishing, back office, smartphone, pure player… Tous ont droit à une version française plus ou moins heureuse. Si certains d’entre eux sont rentrés dans le langage courant, d’autres suscitent la perplexité. Allons-nous vraiment parler de « terminal de poche » au sujet des smartphones ou de « diffusion de baladeur » pour les podcasts ? Est-ce à cela que l’on reconnaît « tous les citoyens soucieux d’employer un langage clair et précis » alors que l’Anglais peut parfois s’avérer plus signifiant (nous pensons, par exemple, au concept de « privacy » le plus souvent traduit de façon injuste en Français par « vie privée ») ?

 

Toujours est-il que vous pouvez consulter la liste de ces mots ainsi que beaucoup d’autres sur le site France Terme « consacré aux termes publiés au Journal officiel de la République française par la Commission d'enrichissement de la langue française. Plus de 7 600 termes pour nommer en français les réalités nouvelles et les innovations scientifiques et techniques ».

 

 

Article rédigé par Thierry Randretsa

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