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Comment le smartphone capte notre « temps de cerveau disponible » ?

Les effets néfastes du téléphone portable
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Il est aujourd’hui difficile d’envisager un monde sans smartphone. Selon un sondage Gallup de 2015, plus de la moitié de possesseurs d’iPhone déclaraient ne pas pouvoir s’en passer.

Un smartphone sinon rien

Le smartphone est notre point d’entrée dans le monde connecté, si ce n’est le monde tout court. Celui-ci est désormais accessible sous la forme d’applications par une simple pression du doigt sur l’écran. Initialement outil de communication, le téléphone portable est devenu « intelligent » pour accomplir toutes les tâches de la vie quotidienne et au-delà. Que ce soit pour s’informer, consommer, lire, faire du sport, jouer, sortir, faire des rencontres, se déplacer, prendre des photos… rien n’échappe à ce « couteau suisse » de l’ère numérique du moment qu’un programme a été prévu.

Résultat : nous interagissons avec notre smartphone en moyenne 85 fois par jour. Que ce soit au réveil, au repas, au soir avant de se coucher ou même au milieu de la nuit, seul ou en famille, en soirée avec les amis, à la maison, au travail, à la campagne… le smartphone fait partie de notre vie, si ce n’est de notre corps.

Son ascension a été fulgurante. Alors qu’en 2007, seuls 4 % des adultes américains en possédaient un, ils sont aujourd’hui 77 %. Le chiffre monte à 92 % pour ceux âgés de moins de 35 ans. En Corée du sud, ils sont 100 % de cette catégorie d’âge à détenir personnellement un smartphone.

Brain drain = brain dead ?

Une telle présence n’est pas sans incidence sur nos comportements et notre cerveau. Dans un article retentissant publié dans le Wall Street Journal, l’écrivain Nicholas Carr nous prévient des conséquences de cette technologie sur notre capacité d’attention. À l’appui de son propos une étude d’Adam Ward, Kristen Duke, Ayelet Gneezy et Maarten W. Bos intitulée « Brain drain : The mere presence of One’s Own Smartphone Reduces Available Cognitive Capacity » publiée en avril dans le Journal of the Association for Consumer Research.

Psychologue cognitiviste et Professeur de marketing à l’Université du Texas d’Austin, Adam Ward compile une décennie de travaux consacrés aux effets des smartphones sur l’humain. En 2015, il démontrait que les notifications signalées par vibreur ou par un son perturbent notre attention et bâclent notre travail que nous vérifions notre mobile ou non. La même année, il faisait état de manifestations physiologiques (augmentation de la pression artérielle, accélération du pouls) lorsque nous entendons notre téléphone sonner mais que nous sommes incapables de répondre, le tout se traduisant par une baisse de notre capacité à résoudre des problèmes.

L’article d’avril 2017 va plus loin. Il indique que la seule présence du smartphone diminue nos capacités cognitives disponibles ! Comment ? Par le coût cognitif qu’implique la simple vision de l’objet en raison des ressources attentionnelles requises pour empêcher qu’il influence l’orientation de l’attention : ce coût est qualifié par les chercheurs de « brain drain ».

Autrement dit, lorsque votre smartphone est dans votre champ de vision, par exemple posé sur votre bureau, vous êtes moins efficace au travail. Partie intégrante de nos vies, il agit en « aimant » qui nous attire continuellement que ce soit pour consulter nos messages, regarder les actualités ou pour d’autres tâches plus ou moins superficielles. Par conséquent, résister à cette attraction implique un coût cognitif qui explique que sa seule présence trouble l’attention et diminue, de manière générale, nos capacités intellectuelles.

Cette conclusion signifie également que la disparition de l’objet de notre champ de vision nous rend plus performant sur le plan cognitif. Par ailleurs, les résultats dépendent du lien de l’utilisateur avec cette technologie. Plus il est dépendant, plus il souffre de sa présence et plus il bénéficie cognitivement de son absence.

Cette étude emporte des conséquences, notamment dans le domaine de l’éducation. Elle pose la question de la présence du portable à l’école et ses conséquences sur les capacités d’apprentissage des élèves. Elle donne également des solutions pour moins subir le « brain drain ». Pour cela, nul besoin de jeter son iPhone à la poubelle. Il existe des solutions comme la possibilité d’acquérir un « light phone », soit un second téléphone aux fonctionnalités extrêmement limitées. Des applications comme « Moment » permettent aussi de restreindre l’usage de votre appareil.

Article rédigé par Thierry Randretsa

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