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Humanitaires et réseaux sociaux : la communication éthique de SAIH

Radi-Aid Awards
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Le rapport s’intitule « How to communicate the world ». Il est l’oeuvre d’une ONG norvégienne : la Norwegian Students’ and Academics’ International Assistance Fund (SAIH). Son objectif : promouvoir le respect de la dignité et de la vie privée dans la façon dont les volontaires utilisent les réseaux sociaux.

 

Ne pas céder aux sirènes du clic

Si ces derniers peuvent être une opportunité aussi bien pour les humanitaires que pour les ONG, encore faut-il les employer à bon escient. Communiquer sur son action humanitaire peut être à double tranchant. Même avec les meilleurs intentions du monde, il est facile de succomber à son ego, de véhiculer des clichés et de céder au spectacle pour recueillir un maximum de commentaires, de réactions et de « likes ».

C’est le complexe du « sauveur blanc » : des humanitaires en provenance de pays riches occidentaux viennent prêcher la bonne parole dans des pays africains nécessairement pauvres et le font savoir sur le web. Sûr du bien-fondé de leur démarche, ces « volontouristes » exposent sans complaisance leur générosité et se prennent en selfie avec des enfants malades qui n’ont rien demandé. Le chanteur britannique Ed Sheeran l’a appris à ses dépens lors d’une campagne caritative qu’il a mené pour l’ONG Comic Relief. Résultat : elle a été épinglée par le jury des Radi-Aid Awards qui « récompensent » les « campagnes de solidarité les plus offensantes. Pour le militant du changement social Terry Ruge, ces pratiques ont pour effet d’infantiliser les populations d’Afrique et de porter atteinte à leur dignité.


Des comportements responsables sur les réseaux sociaux pour les humanitaires

C’est pour lutter contre ce genre de dérive que SAIH, par ailleurs à l’origine des Radi-Aid Awards, a publié un guide. Tout d’abord, il promeut la dignité. Les populations locales ne sont pas des « attractions à destination des touristes ». Il convient de les respecter en évitant les stéréotypes. En outre, il faut s’assurer d’avoir le consentement éclairé des personnes dont on publie des photos sur les réseaux sociaux. Cela implique d’éviter de prendre en image celles qui sont en situation de vulnérabilité comme les malades. Il convient d’être encore plus attentif avec les enfants qui nécessitent d’obtenir le consentement de leurs parents ou de leurs aides.

Autre comportement préconisé par SAIH : interroger ses intentions. Pourquoi voyager et faire de l’humanitaire ? Faites-le pour vous ou pour vraiment changer les choses ? Pourquoi partager telle ou telle publication ? Se poser ces questions affecte la façon dont vous présentez vos expériences sur les réseaux sociaux. Avoir les meilleures intentions du monde ne permet pas de tout dire et de tout faire sur ces plateformes.

En guise de dernière ligne de conduite, l’ONG recommande aux volontaires de profiter de la chance qu’ils ont en mettant à bas les stéréotypes. En étant sur place, ils ont l’opportunité d’offrir une information dans toute sa complexité en interviewant les experts locaux sur les histoires qu’ils aimeraient partager au monde entier.

Pour finir, SAIH fournit une liste de neuf pratiques à adopter avant de poster sur Facebook, Twitter & Cie :

  • questionner son intention ;

  • obtenir le consentement éclairé de la personne que l’on souhaite prendre en photo ;

  • s’intéresser à son histoire ;

  • lui offrir une copie de la photographie ;

  • éviter les généralisations ;

  • respecter la culture locale et les traditions ;

  • se mettre à la place de l’autre ;

  • ne pas exploiter la vulnérabilité des personnes ;

  • ne pas s’ériger en héros ;

  • défier les perceptions et casser les stéréotypes.

Article rédigé par Thierry Randretsa

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