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Spams et bots : Twitter siffle la fin de la récré

Twitter lutte contre spams et bots
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« Twitter interdit toute tentative d’utiliser l’automatisation dans le but de publier ou de diffuser du spam. Un tel comportement peut entraîner des mesures coercitives ». La note d’intention est claire. Le ton est ferme. Ils témoignent de la volonté de Twitter de prendre à bras le corps la problématique des bots qui constituent un moyen incontournable pour fausser les échanges sur la plateforme.

Faux comptes partout, vérité nulle part


Il faut dire que l’actualité est particulièrement chargée en la matière. Et elle ne plaide pas vraiment en faveur du réseau social. Le mois dernier, une enquête du New York Times mettait en lumière le fléau du marché des faux comptes achetés pour augmenter sa notoriété. Plus récemment, le Département américain de la Justice inculpait treize ressortissants et trois sociétés russes pour ingérence dans les élections présidentielles américaines de 2016. Parmi ces entreprises, on trouve l’Internet Research Agency à l’origine de 3 800 faux comptes employés pour des opérations d’information. Au total, ce sont pas moins de 50 000 faux comptes qui ont été créés à cette occasion.

Pour l’ONG Reporters sans frontières (RSF), ce phénomène constitue une menace pour la démocratie, et plus particulièrement la liberté de la presse. En effet, ces faux comptes sont utilisés pour de la propagande, attaquer des médias et faire taire des journalistes. Sur les réseaux sociaux, la notoriété fait autorité. « Les prédateurs de l’information » comme les appelle RSF appliquent à la lettre cette politique du chiffre par le biais de techniques comme l’astroturfing. Cette dernière consiste à reproduire l’activité d’une foule, pour ne pas dire d’une masse sur les réseaux sociaux. C’est ainsi que peuvent être créées des tendances susceptibles d’être basées sur des mensonges afin d’influencer la perception des usages des réseaux sociaux.

C’est d’ailleurs ce qui s’est passé au lendemain de la tuerie qui a eu lieu dans le lycée de Parkland en Floride ayant causé la mort de 17 personnes le 14 février 2018. Très rapidement, des tendances ont émergé sur Twitter. Certaines renvoyaient à des liens sur l’état mental perturbé du tueur, suggérant ainsi l’idée qu’une réforme du port d’arme aux États-Unis n’aurait pas empêché le passage à l’acte. Des comptes suivis par un grand nombre de bots ont relayé la fausse information selon laquelle le tueur serait lié à des groupes d’extrême gauche alors qu’il était membre d’un groupe suprématiste blanc. Selon certains observateurs, ces comptes seraient liés à la Russie.

L’interdiction pure et simple des actions simultanées à travers plusieurs comptes


Pour endiguer ce fléau, Twitter a énoncé un certain nombre de recommandations par la voix de Yoel Roth, responsable de l’API, qui s’est fendu d’un billet sur le blog de la plateforme mercredi 21 février. Il demande aux utilisateurs de ne pas publier simultanément un message identique ou « substantiellement similaire » sur plusieurs comptes. Cela vaut aussi bien pour les publications en temps réel que pour celles qui sont programmées. Il en est de même pour les actions comme le « like », le retweet ou l’abonnement lorsqu’elles sont entrepris simultanément sur plusieurs comptes.

L’interdiction vise aussi les applications qui recourent à l’API de Twitter pour effectuer ces actions dans les mêmes conditions. Par exemple, les applications qui coordonnent l’activité entre plusieurs comptes pour publier simultanément des tweets avec un hashtag spécifique afin de l’ériger en tendance contreviennent désormais aux règles.

Twitter a annoncé que ces changements sont déjà pris en compte par TweetDeck, l’application qui permet de consulter et gérer un ou plusieurs comptes Twitter. Pour les autres applications ou services permettant d’exécuter des actions simultanément sur plusieurs comptes, la mise en conformité avec les nouvelles règles de Twitter doit avoir lieu avant le 23 mars 2018. Au-delà, des sanctions sont prévues, dont la suspension des applications et des comptes associés.

Jusqu’où aller dans la lutte contre le spam ?


Des exceptions sont prévues pour les utilisateurs de bonne foi. Ainsi, il est possible de retweeter du contenu d’un compte depuis d’autres à condition que cela ne concerne qu’un faible nombre de comptes, sans que Twitter donne des chiffres précis. Tout juste sait-on que les retweets automatisés en grand nombre ou agressifs ne sont pas permis.

De même, le partage de contenu simultanément sur plusieurs comptes est autorisé pour les applications diffusant des informations d’utilité publique comme les conditions météorologiques ou d’urgence en cas de catastrophes naturelles par exemple.

En définitive, Twitter n’a pas traîné dans sa lutte contre le spam puisque, avant même l’annonce de ces nouvelles mesures, plusieurs comptes Twitter américains des milieux conservateurs et d’extrême droite se sont plaints d’une baisse significative du nombre de leurs abonnés lié à la suppression de bots. Certains profils de personnalités ont même carrément disparus. L’événement a fait l’objet d’une tendance : #TwitterLockOut.

Article rédigé par Thierry Randretsa

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