Accueil > Agences & Marques > Actualités > Les objets connectés au service des violences conjugales
Actualités

Les objets connectés au service des violences conjugales

Des hommes dominants grâce aux objets connectés
Partager

Ils nous promettent le « meilleur des mondes » connectés où toutes les fonctions de la vie quotidienne seraient activables par le biais d’une commande vocale. « Ils », ce sont les objets connectés. Alors que les assistants vocaux Echo d’Amazon et HomePod d’Apple ont fraîchement débarqué dans l’Hexagone, nous commençons à vivre en leur compagnie en profitant de leurs fonctionnalités tout en découvrant leurs défaillances. Voilà maintenant que nous faisons face à leur détournement.

Ainsi, des voix se font entendre Outre-Atlantique sur utilisation de ces objets connectés dans le cadre des violences conjugales. Le New York Times a recueilli une trentaine de témoignages faisant état de ce phénomène encore nouveau et inquiétant qui touche exclusivement les femmes.

Des manifestations IRL

Alors que les violences faites aux femmes en ligne sont en augmentation, elles semblent trouver un prolongement dans les objets connectés avec peut-être une particularité : leurs manifestations ont lieu dans la « vie réelle » de la victime. Cela peut être un climatiseur qui s’éteint, un verrou numérique dont le code change constamment ou une sonnerie qui n’arrête pas de s’enclencher. Le tout sans comprendre pourquoi cela arrive et comment mettre fin à ce cauchemar digne d’un épisode de Black Mirror.

Pourtant, ce détournement des objets connectés n’a rien d’une fiction. Encore balbutiant, il est appelé à se développer alors que 29 millions de foyers aux États-Unis étaient équipés de technologie dite « intelligente » en 2017. Un chiffre en augmentation de 31 % par rapport à l’année précédente tout comme celui des violences conjugales opérées avec ces appareils. Ce constat est dressé par les associations d’aide aux victimes de ces violences qui ont remarqué l’émergence de nouvelles « pratiques » comme l’augmentation soudaine du thermostat à 100 degrés ou l’activation d’une enceinte à un volume assourdissant.

(Presque) tout est dans le contrôle

Si ces événements peuvent avoir des conséquences physiques, c’est surtout sur le plan psychologique que les victimes souffrent. Car aux agressions « perpétrées » par ces objets, s’ajoutent l’incertitude de leur origine et le désarroi face à un phénomène que l’on ne contrôle pas.

Cette absence de prise sur les événements est renforcée par un manque de connaissance sur l’emploi de ces technologies. Ces objets connectés sont principalement installés par les hommes qui sont alors les seuls au sein du couple à pouvoir y accéder. Un pouvoir exorbitant à leur disposition lorsque les relations au sein du couple se dégradent. Les objets connectés deviennent alors la continuation de la domination masculine par d’autres moyens.

Il ne faut pas croire pour autant que la mise hors service de ces appareils soit la solution. Au contraire, cela peut entraîner un comportement violent de la part du conjoint sans compter l’isolement de la victime.

Des solutions émergent

Quelles sont alors les recours pour cette dernière ? Elle peut approcher les associations spécialisées comme le Center for Domestic Peace interrogée par le New York Times. Sur le plan juridique, les victimes peuvent se prévaloir des lois contre le « revenge porn » en vigueur dans certains États lorsque l’agresseur a fait circuler des vidéos de la caméra du foyer sur la Toile. Mais le droit commence tout juste à s’emparer d’un sujet sur lequel les auteurs des violences savent passer entre les mailles du filet juridique.

Article de Thierry Randretsa

Nous contacter
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires
Nous contacter
Les champs indiqués par un astérisque (*) sont obligatoires