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Twitter veut moins de trolls pour des conversations plus saines

Les trolls de Twitter
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Chaque réseau social a sa marotte. Prenez Facebook. En début d’année, Mark Zuckerberg s’est fixé un défi, celui de « réparer » sa plateforme dont la réputation a été ternie par les fake news. Pour ce faire, il a décidé de se recentrer sur son cœur de métier : les relations interpersonnelles. Objectif : accroître les interactions significatives notamment avec les proches pour contribuer au bien-être des utilisatrices et utilisateurs.

Du rôle des trolls dans la toxicité des discussions sur Twitter 

Pour Twitter, le Graal est la sérénité des échanges. Lieu des polémiques, des indignations, des accusations et autres calomnies, pour ne pas parler des insultes et du cyberharcèlement, le réseau de l’oiseau bleu est loin d’être de tout repos même s’il ne se limite pas qu’à cela. C’est, entre autres, pour rendre les discussions moins binaires que l’entreprise avait doublé la longueur des tweets, passant de 140 à 280 caractères.

Quand bien même vous octroyez plus d’espace pour argumenter, certaines personnes demeurent rétives à toute forme de rationalité. Celles-ci sont plus connues sous le nom de « trolls ». Selon Wikipedia, elles visent à « créer artificiellement une controverse qui focalise l'attention aux dépens des échanges et de l'équilibre habituel de la communauté ». Le troll peut être positif. C’est le cas quand il cherche à faire de l’humour en tenant, par exemple, un propos excessif. Mais le troll peut aussi être négatif.

Dans cette hypothèse, le twittos cherche à perturber les conversations pour les rendre houleuses et stériles. Résultat : le débat vire à la foire d’empoigne et personne n’en ressort plus intelligent. Autre élément qui caractérise les trolls sur Twitter : leur pouvoir de nuisance est inversement proportionnel à leur nombre réel. En effet, moins de 1 % des comptes constituent la majorité de ceux signalés pour abus. Cela ne les empêche pas d’avoir un impact négatif sur l’expérience d’un grand nombre d’utilisateurs et ce d’autant plus que dans d’autres cas, ils ne violent pas les conditions d’utilisation de la plateforme.

L’invisibilisation des trolls identifiés par leur comportement

C’est pour contenir cette influence néfaste que l’entreprise a mis en place de nouveaux outils. Il en va de sa réputation. Accusé d’apathie, de censure, de biais politique et de privilégier son chiffre d’affaires aux dépens des préoccupations sociétales, la compagnie a décidé de prendre le problème à bras le corps. Son fondateur et PDG Jack Dorsey avait prévenu en mars dernier : « nous nous engageons à améliorer la sérénité, l'ouverture et la civilité des conversations sur Twitter, et à nous tenir publiquement responsables des progrès ». Depuis, ses équipes se sont lancées dans un travail d’analyse comportementale pour comprendre comment les tweets sont organisés et comment ils se présentent dans des espaces comme les conversations ou la recherche.

Elles en sont venues à la conclusion qu’un certain nombre d’attitudes caractérisent ces trolls : ne pas avoir d’adresse mail confirmée, l’utilisation simultanée de plusieurs comptes pour tweeter en rafale, mentionner des comptes qui ne les suivent pas ou encore toute implication dans une attaque coordonnée. Dès lors que ces indices seront repérés, peu importe que le contenu du message viole ou non les règles d’utilisation de Twitter, le compte est « catalogué comme troll ». Avec pour effet une visibilité moindre de son tweet au bénéfice de celui contribuant à la sérénité des échanges. Si le message du troll ne viole pas les politiques de Twitter, il reste disponible et peut être consulté en cliquant sur le bouton « montrer plus de réponses ».

Cette technique a porté ses fruits si on croit Del Harvey et David Gasca, respectivement vice-présidente en charge de la confiance et de la sécurité et directeur de la gestion des produits pour Twitter. Selon les premiers tests, les signalements d’abus dans les fils de conversation ont baissé de 8 % ; ceux dans la recherche de 4 %. En d’autres termes, moins de personnes voient des tweets perturbant leur expérience.

En définitive, si ces mesures sont à saluer, il convient de se demander dans quelle mesure le réseau social a intérêt à s’engager dans cette voie tant les « polémiques » font partie de son ADN lui permettant de faire régulièrement le buzz. À cela s’ajoute l’éternel problème de l’instrumentalisation d’outils conçus à l’origine pour remplir un objectif légitime. En l’espèce, il faut voir comment les indices de détection des trolls seront récupérés, par exemple, à des fins politiques pour « faire taire » quelqu’un.

Article de Thierry Randretsa 

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